SURVOL DES SITES
Au Sahara, en l’état actuel des connaissances, les peintures et les gravures rupestres se comptent par centaines de milliers. Il s’en trouve presque partout où elles ont pu être réalisées et préservées ensuite de la destruction environnementale ou anthropique. Un aperçu de différents sites rupestres connus à ce jour vous sera présenté ici, à vous de l’enrichir en nous faisant connaître de nouveaux sites! Nous poursuivons ici avec le site d’Ozan Ehéré.


Ozan Éhéré est le nom donné par les Touaregs Kel Meddak à une localité de l’Edjerit particulièrement riche en matériel rupestre, située à une trentaine de kilomètres de la ville de Djanet, à une altitude moyenne de 1 700 mètres et surplombant la vallée de l’oued Teshuinat.
Ozan Éhéré n’est accessible qu’à pied et à dos d’âne.
Comme de nombreux autres sites rupestres de la Tasīli-n-Ăjjer, Ozan Ehéré se présente comme un vaste massif gréseux à la topographie « en forêt de pierres », offrant sur les surfaces de certains de ses abris en taffoni des témoignages rupestres variés.
Avertissement: pour permettre une meilleure visibilité, certaines photos sont traitées par le logiciel DStretch®
Histoire de la découverte du site de d'Ozan Ehéré
La localité d’Ozan Ehéré a été découverte plus tardivement que les sites de la région de Tamghit, dans les années 1960, lors des reconnaissances menées par Djebrine Machar ag Mohamed et Jean-Dominique Lajoux (première mission de 1961).
La localité d’Ozan Éhéré a donné son nom à un groupe caractéristique de peintures dit de «Séfar-Ozanéaré», défini par Alfred Muzzolini comme figurant « des populations typiquement négroïde (sic), dans des scènes exclusivement pastorales » qui appartiendrait à l’horizon le plus ancien des peintures bovidiennes.
De par sa position, Ozan Éhéré apparaît comme une étape entre les célèbres localités de Jabbaren et de Séfar (dont elle n’est distante respectivement que de dix et de vingt kilomètres à vol d’oiseau).
Si cette localisation a sans doute eu un sens et une valeur dans le passé, Ozan Éhéré est restée excentrée des circuits touristiques nés dans le sillage des missions Lhote.

Du fait de la signification de ce toponyme : ⵌⵏ ⵂⵔ, en tamahâq, signifie « partage des chèvres » sa transcription devait être modifiée du classique « Ozanéaré » de la littérature scientifique en Ozan Éhéré.
Selon Ayyub Boubakar et d’autres informateurs interrogés notamment par Bernard Fouilleux, la zone d’Ozan Éhéré couvrirait une surface de 15 km² environ. Dans l’état actuel des informations que nous pouvons récolter à son sujet, la station, limitée par les oueds Teshuinat et Ghiyayé, n’est pas bornée avec précision en direction du sud. Comprise dans un rectangle de trois kilomètres de large sur plus de cinq de long, elle n’est encore connue que dans une proportion très réduite, comprise dans les limites d’un quadrilatère de surface d’1 km².
Enfin, on n’y a guère pu mener les prospections archéologiques méthodiques qu’elle appelle. Pour les besoins de l’étude, on peut l’organiser, pour l’heure, en deux stations (OZA-I et OZA-II) séparées par le cours asséché de l’oued éponyme d’Ozan Éhéré.


Dans l’état actuel de nos connaissances, le corpus d’Ozan Éhéré comprend 2 744 Unités Graphiques. Plus de la moitié d’entre elles sont malheureusement dans un état de dégradation si avancé qu’elles ne sont plus que vestigiales, traces de traces que les logiciels de traitement d’image permettent d’envisager mais non de décrire avec précision.
De manière générale, les œuvres peintes, que l’on peut observer à Ozan Éhéré, se distribuent entre les différents grands ensembles stylistiques définis pour la Tasīli-n-Ăjjer : « Têtes Rondes », lesquelles représentent 9% des unités graphiques répertoriées pour OZA-I-4, Bovidien au sens large (écoles d’«Ozan-Éharé » , d’«Abañher » et d’ «Iheren »), qui englobent les deux-tiers des images de la localité, « Caballin » et « Camelin »; ces deux derniers groupements s’y révélant ultra-minoritaires pour l’heure.
Images d'Ozan Ehéré
Une thèse de doctorat a été consacré à la station d’Ozan Ehéré.